Qu‘est-ce que l’hypnose et son déroulement dans un cadre thérapeutique ?
L’hypnose a été intégrée à la médecine il y a plus de deux siècles.
Elle a été reconnue comme une discipline thérapeutique dans les années 1950.
Le célèbre psychiatre américain Milton Erickson a modernisé l’hypnose et a fortement participé à cette évolution,
en la rendant accessible à de nombreux patients souffrant de troubles psychiques.
En français, le terme hypnose désigne à la fois des états modifiés de conscience ,
les pratiques thérapeutiques utilisées pendant cet état, et les techniques permettant de créer cet état (appelées techniques d’inductions).
Le praticien guide le consultant dans un état modifié de conscience pour explorer son inconscient.
Cet état modifié de conscience, appelé aussi, état d‘hypnose ou transe hypnotique, est induit grâce à des techniques de détente et de relaxation ainsi que de dissociation et de confusion.
Ces inductions permettent au consultant de se reconnecter avec ses ressources naturelles sans la barrière du mental.
L‘hypnose n‘est pas de la magie car c‘est le consultant qui fait le travail pour lui-même, en agissant selon les recommandations du thérapeute.
Pendant l’hypnose, le consultant reste conscient, il est maitre d’explorer ou non les suggestions du thérapeute et libre d‘arrêter la séance à tout moment.
Lors de la première séance, nous prendrons le temps de clarifier vos attentes ainsi que de déterminer les actions en fonction de votre propre rythme.
L‘hypnose est une thérapie dite « brève » car elle agit rapidement et parfois en une seule séance sur les troubles.
Elle intervient directement à la source du problème sans que le conscient mette des barrières liées à nos croyances et comportements limitants.
Il faut toutefois prendre conscience que certains de nos troubles sont parfois très anciens et auront besoin d‘être traités couche par couche.
Il est parfois révélé, lors d‘une séance, que l‘origine de nos blessures ou de nos traumatismes ont pour cause une tout autre souche.
Dans ce cas, le processus de prise de conscience et de d‘autoréflexion devra se faire grâce au temps et plusieurs séances devront donc être envisagées.
Il est important que la relation entre le thérapeute et le consultant se face en toute confiance.
Le consultant peut prendre la parole pendant la séance s’il ressent une gêne face à une situation ou un ressenti.
Il est important que la bienveillance soit la base de la consultation.
Quels sont les bienfaits de l‘hypnose ?
- Réduction du stress et de l’anxiété :
L‘hypnose permet d‘induire un état de relaxation profonde réduisant les préoccupations du quotidien.
- Gestion de la douleur :
En modifiant les perceptions de la douleur, l‘hypnose permet au consultant de gérer son seuil de tolérance.
- Confiance en soi et estime de soi :
L‘hypnose permet de renforcer la confiance en soi et la motivation pour atteindre ses objectifs.
- Amélioration du sommeil :
En favorisant un sommeil plus profond et plus réparateur, l’hypnose aide à se détendre et à relâcher les tensions mentales.
- Gestion des traumatismes :
L’hypnose traite les traumatismes et les souvenirs douloureux en permettant au consultant de gérer ses émotions de façon plus contrôlées.
- Augmentation de la concentration et de la focalisation :
L’hypnose favorise la concentration grâce à des techniques de visualisation.
- Amélioration de la gestion du poids :
L’hypnose aide à adopter de meilleures habitudes alimentaires, à contrôler les fringales et à favoriser une approche plus saine de la perte de poids.
- Reduction des symptômes liés à la dépression :
En encourageant les pensées plus positives, l’hypnose permet de se reconnecter à son essentiel.
- Préparation a des évènements importants :
L’hypnose réduit les appréhensions grâce à une préparation mentale et émotionnelle,
pour des évènements tels que les entretiens d’embauche, les examens, les présentations publiques ou les compétitions sportives.
- Renforcement des capacités créatives :
L‘hypnose permet de faciliter l’accès à l’imagination et à l’inspiration, ce qui peut être utile pour les artistes, les écrivains, ou les musiciens.
- Gestion des troubles du sommeil :
En aidant à identifier les causes sous-jacentes, l’hypnose réduit les troubles tels que l’insomnie, l’hypersomnie, les cauchemars, les terreurs nocturnes, le bruxisme ou l’énurésie.
- Amélioration des performances sportives :
En renforçant la confiance et la concentration, l‘hypnose renforce l‘imagerie mentale et la mise en place de routine de régulation des qualités mentales du sportif.
- Soulagement des allergies :
L’hypnose peut aider à atténuer les symptômes allergiques en modulant les réactions du système immunitaire.
Promotion du bien-être général :
L’hypnose favorise naturellement le bien-être et la sérénité en général pour la détente et la connexion à nos ressources intérieures essentielles.
Reconnexion au corps et au soi véritable :
Par la détente, l’hypnose permet l’introspection et la connexion à nos ressources essentielles.
Histoire de l’hypnose à travers le temps
Déjà, la mythologie nous apprend que les Anciens vénéraient un Dieu nommé Hypnos, le Dieu du sommeil.
Dès la plus haute antiquité, les suggestions et le magnétisme étaient pratiqués à des fins thérapeutiques.
La médecine était une fonction sacerdotale. Le prêtre était également docteur et magicien.
L’Hypnose a donc de tout temps existé, à travers le monde, et à travers les siècles.
En -4000 en Mésopotamie ou l’on retrouve les premières traces écrites de soin par la parole. Un manuscrit sumérien décrit des guérisons obtenues par le biais d’états modifiés de consciences.
En -1200 c‘est en Egypte que de nouvelles traces écrites sont retrouvées et cette fois sur une stèle. Cette stèle datée de l’époque de Ramsès II, nous raconte que le pharaon se servait de l’hypnose pour motiver ses soldats avant d’aller au combat.
En -450, c‘est Socrate qui nous gâte ! Il se décrit lui-même comme « accoucheur d’âmes ». L’art de guérir par la parole et la suggestion est fait pour conduire l‘interlocuteur à ne plus penser (art de la confusion).
Un peu plus tard au IIe siècle en Égypte, on relate l’existence des « Temples du Sommeil » où les gens sont mystérieusement soignés… Les prêtres de ces temples parlaient à l’oreille de leurs patients assoupis, leur offrant de « douces paroles guérissantes »
Vers 1500, c’est avec Paracelse également connu sous le nom de Philippus Aureolus Theophrastus Bombastus von Hohenheim que l‘hypnose avance. Ce médecin, alchimiste et philosophe suisse du XVIe siècle (1493-1541) rompit avec les traditions médicales de son époque pour développer une approche novatrice de la médecine et de l’alchimie.
Paracelse rejetait les idées médicales classiques d’Hippocrate et de Galien, préférant plutôt s’appuyer sur ses observations cliniques et expérimentations personnelles.
Il fut précurseur de la théorie du magnétisme animal, avançant l’idée, certes saugrenue aujourd’hui, que chacun possède son magne, un fluide émané des astres et que ceux dont le magne est sain, sont susceptibles d’attirer ceux chez qui le magne ne l’est pas.
Au XVIIIe siècle, c‘est le début de l‘hypnose « scientifique » avec le célèbre docteur Franz-Anton Mesmer (1734-1815). Ce dernier dans la continuité de Paracelse, avance l’idée que dans le corps humain circule une énergie vitale, un fluide magnétique, qu’il nomme « magnétisme animal ».
Mesmer invoque un déséquilibre de ce fluide dans l’organisme pour expliquer la maladie, peut aussi bien faire des passes avec ses mains ou avec un aimant sur les zones malades de ses patients.
Mesmer eut de nombreux disciples. Parmi eux, un anglais, James Braid (1795-1860), qui s’intéressa à ses travaux et les repris. Il se rendra compte que les manifestations observables décrites par Mesmer, étaient davantage dues au pouvoir de suggestion de celui-ci, qu’à un quelconque pouvoir de l’aimant. Réfutant la théorie « fluidique » de Mesmer, il la remplacera par la relation patient / thérapeute. Il appela en 1841 ce phénomène, « hypnotism » débouchant sur une théorie neurophysiologique de l’hypnose, induite par une fixation visuelle.
Mais aussi un français, le marquis Armand de Puysegur (1751-1825), qui découvrit un état de sommeil profond, dit « somnambulisme magnétique », dans lequel il pouvait faire réaliser toutes sortes d’actes aux personnes hypnotisées (chanter, danser, etc.). Dans cet état, que l’on qualifierait aujourd’hui de transe hypnotique, sans crise convulsive, il se rendit compte que les sujets hypnotisés mobilisaient des ressources personnelles susceptibles de les faire guérir ou de solutionner leurs propres problèmes.
Fin XIXe siècle, Hippolyte Bernheim, professeur de médecine et neurologue français, célèbre dans le cadre de l’histoire de l’hypnose et de la psychothérapie, définira l’hypnose comme un simple sommeil produit par la suggestion « idée conçue par l’opérateur, saisie par l’hypnotisé, acceptée par son cerveau » et susceptible d’applications thérapeutiques.
Bernheim formera ce qu’on a appelé l’École de Nancy, ou École de la suggestion, reconnue avec l’École de la Salpêtrière, comme l’une des deux grandes écoles ayant contribué à l’« âge d’or » de l’hypnose en France de 1882 à 1892.
Les plus grands cliniciens de l’époque, de Sigmund Freud à Émile Coué en passant par Auguste Forel et Joseph Delbœuf, ont rendu visite à Bernheim pour observer son travail et contribueront eux aussi à faire évoluer les techniques et notre compréhension de l’hypnose dans un cadre thérapeutique.
Au Milieu du XXe siècle, le célèbre psychiatre et psychologue américain Milton Hyland Erickson jouera un rôle important dans le renouvellement de l’hypnose clinique et consacrera de nombreux travaux à l’hypnose thérapeutique.
Il considère que le patient possède en lui les ressources pour répondre de manière appropriée aux situations qu’il rencontre et qu’il suffit d’utiliser pendant l’hypnose ses compétences et ses possibilités d’adaptation personnelles.
Pendant tout le 20è siècle et jusqu’à sa mort en 1980, il aura travaillé avec plus de 30 000 personnes.
Beaucoup de courants de thérapie et de techniques de communication sont nés de l’étude des cas de Milton Erickson.
Il a fasciné et fascine encore tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’hypnose et à la thérapie.
Celui qu’on surnommait « Le Magicien » a laissé derrière lui en 1980 un héritage extrêmement riche.